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En attendant l'Éden ...
18 avril 2014

Le grand monsieur qui courait

Le grand monsieur courait.

La semaine.
Le week-end.
Les vacances.

Il courait.

En ville.
A la campagne.
A la montagne.
A la plage.

Il courait.

Sous le soleil.
Sous la pluie.
Sous la neige.
Dans le vent.

Il courait.

 Et puis, il rentrait et reprenait sa petite vie.

 

 Un matin, après avoir fait le tour du parc en courant, notre grand monsieur alla à la boulangerie.
« Bonjour, j’aimerais deux baguettes et un chausson,
Pas très raisonnable mais ils ont l’air si bons »
La boulangère sourit en lui disant que c’était rare les clients qui parlaient en alexandrins.

Le grand monsieur sourit.
Il n’avait pas fait exprès bien sûr.

 

Un autre jour, notre grand monsieur partit courir le long de la rivière.
Après une bonne heure de foulées dans le vent, il s’arrêta à nouveau à la boulangerie.
« Bien le bonjour, mademoiselle boulangère,
Après cette course dans le vent, j’ai grand faim
Il me faudrait un ou deux croissants et du pain,
Sans quoi je m’en vais tomber tête la première »
La boulangère servit au grand monsieur une baguette et deux croissants et offrit en plus de son sourire un petit sac de chouquettes.
Des chouquettes contre un quatrain lui dit-elle.

Le grand monsieur était bien surpris.
Il avait à nouveau parlé en vers.

 

 Une semaine plus tard, tôt le matin, notre grand monsieur partit pour un long périple dans les bois.
Une petite pluie rendait le sol glissant mais la mélodie des gouttes sur les feuilles plaisait au grand monsieur.
Après ce long effort, il fit irruption dans la boulangerie.
« Vous êtes si douce avec moi
Qui ne suis qu’un pauvre coureur
Si fatigué et affamé,
Vous êtes si douce avec moi
Offrant sourires et mets sucrés
Pains frais, écoute et chaleur
Vous êtes si douce avec moi
Qui ne suis qu’un pauvre coureur. »

La boulangère toute émue, l’œil brillant lui offrit un chocolat chaud, une brioche au sucre et lui murmura vous avez volé mon cœur avec un triolet, je réchauffe le vôtre avec un petit goûter.

 

Le grand monsieur ne sut jamais si la poésie lui venait à force de course ou à force d’amour.

 

Il continua de courir les matins, de plus en plus loin, de plus en plus longtemps et revint à chaque fois vers sa jolie boulangère.
Il l’invita à diner bientôt avec un rondeau.
Lui proposa de se fiancer avec un sonnet.
Lui demanda sa main dans un alexandrin.
Et après avoir couru un marathon, il écrivit une pièce en trois acte pour la naissance de leur premier garçon.

 

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