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En attendant l'Éden ...
24 novembre 2010

Figé ...

Un matin, mais était-ce bien un matin, il fallut se rendre à l’évidence : le temps avait bel et bien disparu. Et tout, en une seule seconde, s’était figé.

Figé le sourire de la jolie boulangère au jeune homme ébouriffé  venu chercher sa demie-baguette comme tous les jours. Et figée aussi derrière son sourire, cette idée qu’elle aurait bien partagé avec lui l’autre moitié de la baguette.

Figé le ballon entre ces deux enfants. Les bras écartés, volant presque à force de courir. Bouche ouverte, yeux brillants, des cris plein les joues, plein les mains, plein la tête. Attrape ! Cours !  Rattrape-moi ! Saute ! Regarde-moi, existe avec moi !

Figé  ce couple, ils venaient de s’embrasser pour la première fois en quinze ans qu’ils se connaissaient. Et la multitude de question qui déferlait comme leurs lèvres se séparaient, s’est arrêtée en plein vol. Pourquoi moi ? Que me trouve-t-il ? Il m’aime ? Depuis tout ce temps ? Qu’ai-je fait ? Pourquoi elle ne m’a pas repoussé ? Alors elle aussi ? Depuis si longtemps ?

Figée le chien qui s’élançait après un pigeon, sa maîtresse accrochée à la laisse. Les deux pattes levées dans l’espoir d’attraper ce volatile qui le narguait tous les matins. Laisse-moi juste un peu de lest, juste un peu d’espace, juste un peu d’élan. Juste …

Figée la fumée qui montait de la tasse à thé de cette jeune maman. Elle savourait l’instant présent. Son mari était parti travailler, son bébé dormait encore. 10 minutes pour moi, 10 minutes de silence, 10 minutes sans tension, les épaules relâchées, l’odeur du thé et la lumière du matin.

Figé le mouvement du balayeur sur le trottoir d’en face. La mine pensive, il se demandait si ce soir il allait finir son livre, regarder son documentaire sur l’Himalaya ou dormir et oublier les remarques anodines mais blessantes lancées par les passants tous les jours.

Figée la main de l’étudiant à peine parvenue au réveil. Les sourcils froncés, les yeux encore clos, l’envie de replonger tenace. Pas ce matin, pas le bus, pas ce cours, pas ce prof, pas aujourd’hui. Pas la force, pas l’envie, plus le goût.

Un matin, mais était-ce bien un matin, il fallut se rendre à l’évidence : le temps avait bel et bien disparu parce qu’en sortant de l’ascenseur sa main à Elle avait frôlé ma main à moi … Et puis, il fallut se rendre à l’évidence : elle avait disparu au coin de la rue et le temps avait repris sa route.

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